Voleur d'âme

texte et photos

Tribune

  • jean : on sent le peintre qui est en toi au travers de toutes ces touches de couleurs qui créent une harmonie
  • sergio : Merci Jean.
  • jean : Enfin une reprise d'activité sur le blog,merci pour cette halte pleine de fraîcheur, le miroir de la Dore a peut-être un message à délivrer !
  • sergio : Certainement Jean, et ce message est l'amitié...
  • jean : certaines personnes sont vraiment très gourmandes même devant une pharmacie
  • sergio : Oui Jean...
  • jean : j'espère que la photo intitulée "brumes matinales" fait partie de ta sélection pour une future expo.
  • sergio : Peut être Jean ;).
  • jean tomasi :
  • Blumen : Hallo und danke für den tollen Fotos!
  • jean tomasi : C'est vraiment dommage que d'aussi belles photos ne soient jamais exposées.
  • Jean-Marc Valladier : Tout le temps en pâmoison devant tes images.
    Merci .

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Jeudi 11 Mai 2006.

Italia 7

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sergio | 00 h 07 | Rubrique : Actualités | Màj : 11/05/06 à 22 h 52

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Commentaires

mamounette

11/05/06 à 18:46

Cette photo m'inspire le calme, le silence, la réflexion. On jette son ancre et on fait une pause. Bien.

Mario

Anonyme

17/05/06 à 06:21

Mario n'était pas parti ce matin. Il ne partirait plus.

Assis au bord de la digue de Lion-sur-Mer, les jambes pendantes, les mains crispées sur les genoux, il regardait Topsicrete d'un œil morne, vide.

"Topsicrete ! Imbécile !" bougonna-t-il. Quelle idée lui avait pris de baptiser ainsi en un soir d'août sa fidèle barque de pêche, laminée et sans âme, porteuse désormais de celle d'Hélène…

Mario approchait la cinquantaine. Il avait aimé passionnément la vie pour sa simplicité. Lui-même était un homme simple. Rien dans son apparence ne le distinguait des autres. De taille et de corpulence moyennes, les épaules légèrement affaissées, les cheveux frisés et grisonnants, l'air calme, l'œil vif, il gardait un air jeune, et on l'approchait de bon cœur car il respirait la générosité.

Le caractère bien trempé, il avait l'habitude de s'affirmer devant les hommes et les flots, et partait chaque matin chercher sa nouvelle cargaison de "fruits de mer". Des moules, des crabes… il ne prenait rien d'autre mais cela suffisait à satisfaire les touristes.

Une femme avait eu raison de sa carapace. Une estivante fine, discrète, venue du pays du soleil, avec sa fillette.

Mario ne savait plus rien de sa vie précédente. Ni même s'il y avait eu une vie avant Hélène… Le ciel de Normandie, lourd et chargé de pluies à venir, semblait lui dire en ce matin de septembre : "C'est fini".

La pluie avait-elle donc déjà déchiré le ciel ? L'eau ruisselait le long des joues de Mario. Il n'est jamais facile de reconnaître un échec. Peut-être moins encore à 50 ans, lorsqu'on n'attend plus rien de la vie… et puis qu'elle vous donne tout, tout d'un coup, pour le reprendre aussi brutalement, telle une vague qui se jette contre une falaise et se retire, sans aucun scrupule.

L'été avait été chaud cette année. Hélène était arrivée le 15 août. Une jeune femme d'Avignon secrète, d'une trentaine d'années, venue abriter sa solitude dans la fraîcheur de l'appartement dont le balcon donnait sur la cour des Liégeaud.

Jour après jour, le lien s'était tissé entre eux. Hélène venait chaque matin vers 11h avec sa fille Jessica, vive et rieuse. Comment s'était-elle organisée, cette première partie de pêche ? Cela lui paraissait si loin déjà…

"L'hiver et le 15 août"… Il y avait eu une phrase comme ça… "Vous arrivez à la belle saison", lui avait dit Mario en plaisantant. Elle avait répondu, malicieuse "Tout le monde sait qu'il n'y a que deux saisons ici, l'hiver et le 15 août". Il en avait ri de bon cœur.

Puis il avait parlé avec Jessica, et c'est à elle qu'il avait proposé une partie de pêche, comme il le faisait souvent avec sa petite nièce Deborah. Il y avait eu une première fois. D'autres fois avaient suivi. L'idylle s'était doucement nouée entre Hélène et lui. Mario était pris dans les mailles d'un filet de tendresse duquel il ne voulait et ne pouvait sortir.

"Topsicrete". C'était ainsi qu'il l'avait nommée, mutine, sauvage, songeuse… "Je ne me laisserai plus prendre aux jeux des femmes…" Mais la vie sans jeux, quelle est-elle ? C'était désespéré, et désespérant. Les hommes jouent de la musique pour que dansent les femmes. Il n'y avait aujourd'hui plus de danse pour Mario. Et pour Hélène, repartie le 1er septembre au pays du soleil, la musique s'était-elle aussi arrêtée ?

Que de questions sans réponse…

Mario était capable de rester des heures assis au bord de la digue. L'horizon le fascinait. Il s'emplissait à pleins poumons de l'air marin. Une saveur d'éternité.

L'été qui se terminait sonnait la fin du monde des jeux. Hélène avait rejoint Avignon. Topsicrete ne vivrait plus sans elle. Mario ne prendrait plus la mer, il ne prendrait plus… Il se sentait terriblement las. Lourd des ternes années vécues sans elle. Et restant à vivre dans le face à face avec sa solitude, revenu à une vie sans joie.

Une caresse sur la joue, un souffle dans le cou… Une petite fille… Deborah. "Tonton, quand repartirons-nous pêcher", dit-elle ? "Cela fait longtemps que tu ne m'as plus emmenée".

Mario s'apaisa d'un coup. Les gouttes d'eau qui commençaient à crépiter, s'enfonçant dans le sable comme autant de billes de plomb, ne l'atteignaient plus. Deborah était venue le chercher malgré ce temps. Quelle intrépide, celle-ci !

Il sourit, se détendit, se leva d'un bond et saisit la main de sa petite nièce. Elle au moins ne l'avait pas quitté.

S'enfoncer dans le désespoir lui avait fait perdre le souvenir des plaisirs simples de sa vie de solitaire. Debbie le rappelait doucement à l'ordre. "Tonton…"

"Demain, Debbie", lui dit-il. "Je te le promets. Nous partons demain".

romanne, 17 mai 2006

sergio

sergio

17/05/06 à 16:57

Merci a vous deux, et bravo pour le texte..

Amitiés

Sergio

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